Le financement par fonds propres pour favoriser la croissance, la durabilité et la résilience des PME et ETI

Dans un contexte économique instable, l’obtention de financements s’avère être à la fois un objectif crucial et un défi majeur pour les petites et moyennes entreprises (PME) ainsi que pour les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Le recours au financement par capitaux propres émerge comme une option attrayante par rapport à l’emprunt bancaire devenu à la fois onéreux et difficile à obtenir.

Un écart de plus en plus large entre les PME/ETI et les grandes entreprises

Selon une récente analyse de la Banque de France concernant l’évaluation des risques du système financier français, il a été observé une augmentation plus significative des prêts bancaires accordés aux grandes entreprises par rapport aux PME et aux ETI. À la fin de mars 2023, la croissance en glissement annuel s’est élevée à +13,2 % pour les grandes entreprises, tandis qu’elle était respectivement de +5,0 % et +5,6 % pour les PME et les ETI.

De plus, les petites et moyennes entreprises (PME) rencontrent des difficultés à obtenir un financement externe autre que celui fourni par les banques, car environ 85 % de leur dette provient de crédits bancaires. En contraste, les grandes entreprises dépendent moins des emprunts bancaires, avec seulement 70 % de leur endettement provenant d’obligations. Cette situation permet aux grandes entreprises d’avoir une plus grande flexibilité pour diversifier leurs sources de financement, étant moins contraintes par les ratios d’endettement bancaire.

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont plus fortement impactées par la hausse des taux d’intérêt par rapport aux grandes entreprises. Les écarts entre les taux moyens de financement des PME et des grandes entreprises ont ainsi augmenté de 17 points de base en décembre 2021 à 151 points de base en mars 2023.

Les grandes entreprises quant à elles, continuent de profiter de taux d’intérêt réels négatifs, tandis que les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) font face à des taux réels positifs. En mars 2023, les anticipations d’inflation à 3-5 ans des chefs d’entreprise s’établissent à 3 %, alors que les grandes entreprises se financent à un taux de 2,57 %, comparativement à 3,36 % pour les PME (hors TPE) et à 3,12 % pour les ETI.

PME et ETI : Des solutions de financements par fonds propres devenues préférables

Contrairement à l’endettement financier, cette approche pourrait présenter une solution plus économique et accessible, facilitant ainsi la réaffectation plus aisée des bénéfices.

Les fonds propres présentent plusieurs avantages par rapport à la dette financière. En premier lieu, contrairement à la dette bancaire qui engendre des charges financières et des remboursements réguliers, le coût des fonds propres est variable et évolue en fonction des performances de l’entreprise. De plus, ils offrent une flexibilité accrue en termes de décaissement, permettant un choix entre le versement des dividendes et les charges financières associées à la dette. Les investisseurs parient sur la durabilité de l’entreprise et acceptent un retour sur investissement à moyen ou long terme.

Par ailleurs, le financement par fonds propres peut accélérer et faciliter le potentiel de croissance de l’entreprise en permettant la direction et le financement de projets innovants ou de développement.

Comment accéder à des fonds propres ?

Pour obtenir des fonds propres, les entreprises doivent gagner la confiance des investisseurs, qu’ils soient privés ou, dans certains cas, publics. Cela implique pour elles de démontrer leur résilience ainsi que leur aptitude à innover et à croître, même dans un contexte d’incertitude économique.

Selon une étude Xerfi publiée en novembre 2023, seulement deux filiales de banques françaises figurent parmi les douze principaux acteurs du capital-investissement en France. La Banque Publique d’Investissement (BPI) se classe également parmi eux, soutenant chaque année environ 30 % des montants investis en France en capital amorçage (“seed”) et en capital risque. Elle facilite également les rencontres entre les entreprises innovantes et les investisseurs.

En raison du coût élevé des fonds privés, l’État doit continuer à renforcer son rôle en tant qu’acteur majeur du développement du capital-risque en élargissant les dispositifs ou véhicules déjà en place. Plusieurs fonds publics existent dans le but de faciliter l’accès au financement des entreprises en prenant des participations dans leur capital, bien que leur connaissance reste relativement limitée. Parmi ces exemples, on retrouve le Fonds pour l’Accélération du Capital Investissement (FACI), le Fonds National d’Amorçage (FNA), le Fonds pour la Société Numérique (FSN) ou encore le Fonds pour l’Innovation et l’Industrie (F2i).

Actuellement, la plupart des investissements en fonds propres sont réalisés par les Fonds Communs de Placement à Risque (FCPR), les Fonds Communs de Placement dans l’Innovation (FCPI) et les sociétés de capital-risque (SCR). Selon le baromètre EY sur le bilan du capital risque en France en 2023, la majorité des investisseurs dans le Top 5 en France demeurent des fonds privés, avec seulement quelques banques présentes dans ce classement. Les principaux souscripteurs participant aux levées de fonds en capital investissement en France incluent les fonds de fonds, les compagnies d’assurances, les caisses de retraite, les “Family offices”, et, dans une moindre mesure, les industriels et les banques.

Ces institutions bancaires démontrent une robustesse financière solide, suggérant qu’elles pourraient jouer un rôle plus significatif dans cette dynamique. En effet, les ratios de solvabilité des six principaux groupes bancaires français dépassent largement les exigences réglementaires, avec un ratio de fonds propres de catégorie 1 (CET1) excédant de 567 points de base les normes réglementaires, enregistrant une augmentation de 70 points de base sur une année. Leur engagement dans le capital des PME et des ETI pourrait contribuer à renforcer les fonds propres de ces entreprises, stimulant ainsi leur croissance. Cependant, évaluer ces prérequis tels que la solidité financière, la performance, la croissance, la direction, le modèle d’affaires, reste plus complexe en période d’incertitude.

Les fonds propres, en conclusion

Dans le contexte économique et géopolitique actuel, qui semble perdurer, les fonds propres se révèlent être un levier de croissance essentiel pour les PME et les ETI. Ils représentent une option plus abordable et accessible que la dette financière. Les investisseurs privés, publics et les banques doivent collaborer pour créer un environnement favorable à la croissance et à la résilience économique. En retour, les entreprises, à la recherche de financement, doivent prouver leur capacité à innover dans leur modèle économique, à se structurer et à maintenir le cap malgré l’incertitude.

 

L’équipe NOVANCES Gestion Finances