Gestion de trésorerie : les entreprises se tournent vers les banques

Après s’être substantiellement financées sur les marchés en 2021, les entreprises ont recours aux banques, dont les taux sont à nouveau plus accessibles. Ainsi, les encours de crédits des grandes entreprises ont augmenté d’environ 20 % selon la Banque de France.

Une expansion saine

En dépit de la hausse des taux d’intérêt, les entreprises ont de plus en plus tendance à recourir aux prêts bancaires pour répondre à leurs besoins financiers. Selon les données publiées lundi par la Banque de France, l’encours des crédits aux entreprises en octobre a augmenté de 8,6 % en glissement annuel. Il était de 7,9 % en septembre. En octobre, elles ont été financées à un taux moyen de 2,5 %. Ce coût est supérieur de 32 points de base (pb) à celui du mois précédent.

François Mouriaux, directeur des statistiques monétaires et financières à la Banque de France constate, « une expansion saine ». Effectivement, il explique que « la croissance des crédits aux entreprises est très bien répartie ». Tant du côté des banques que du côté des entreprises.

Le crédit bancaire est privilégié par les grandes entreprises

La tendance est particulièrement sensible dans les grandes entreprises, où le recours au crédit bancaire a progressé de 19,9 % sur un an. Ce chiffre était de 15,2 % en septembre et de 15,5 % en août. Alors que ces grands groupes s’étaient largement financés en 2021 en s’endettant ou en émettant des titres sur le marché, il semblerait qu’ils soient en train de tourner la page.

Les écarts de coûts de financement se sont creusés. En effet, l’écart entre le financement sur les marchés et les prêts bancaires est passé de 171 points de base en août à 228 points de base en septembre. Il est ensuite redescendu à 189 points de base en octobre, favorisant toujours les prêts bancaires. En octobre, pour se financer sur les marchés, les entreprises payaient en moyenne 4,39 % de taux d’intérêt, contre 2,5 % pour les prêts bancaires.

Gestion de trésorerie : reconstituer les stocks

Dans le cas des PME et des ETI, l’augmentation du recours au crédit est également réelle mais moins spectaculaire. En effet, elles ont un accès plus limité au marché. Elle est de 5,7 % pour les PME et de 6,6 % pour les ETI.

Les entreprises ont choisi les crédits de trésorerie (+11,1 %). Ensuite, elles ont fait le choix des crédits d’équipement (+10,5 %) en termes de catégories de besoins. Les stocks sont financés par des prêts de trésorerie. Et, après des mois de problèmes d’approvisionnement, les professionnels ont profité d’une pause pour les remplacer.

Pour François Mouriaux, cela indique que les entreprises cherchent à protéger leurs lignes d’approvisionnement. « Elles augmentent le niveau de leurs stocks pour se prémunir de nouvelles difficultés éventuelles », déclare-t-il.

Toutefois, si l’économie française s’affaiblit, l’accès aux prêts pour les entreprises pourrait devenir de plus en plus difficile. Le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) a mis en garde vers la fin du mois d’octobre contre le risque d’un « durcissement des conditions de financement ». Selon un récent rapport d’EY, les prêts aux entreprises en France devraient baisser de 2,5 % en 2023. Ce qui représente la première baisse en 14 ans.

L’Équipe NGF