Contrôleurs de gestion 4.0 : les évolutions analytiques

Quelle valeur les technologies de Business Intelligence et d’Analytique (BI&A) apportent-elles aux contrôleurs de gestion ? Comment peuvent-ils capitaliser sur ces avancées technologiques pour donner plus de crédibilité à leur rôle de partenaire commercial ?

Un contexte mouvant et de nouvelles exigences analytiques pour les contrôleurs de gestion

Le marché de la Business Intelligence & Analytics (BI&A)

La transformation numérique actuelle, notamment au niveau des nouveaux systèmes de Business Intelligence & Analytics (BI&A), a un impact sur les contrôleurs de gestion des organisations.
Le marché du BI&A s’élève à 22,2 milliards de dollars en 2020. Il propose des solutions de consolidation de données et de reporting pour faciliter la prise de décision. Les technologies de BI&A permettent aussi l’analyse et la simulation. Ce marché devrait atteindre 43 milliards de dollars en 2028.
Cependant, les contrôleurs sont confrontés à de nouveaux défis. Ils voient apparaître une augmentation du volume de données à traiter. Ils font face à une pression continue pour réduire les délais de reporting. Pourtant, les demandes croissantes d’analyses prédictives ne diminuent pas alors que leur environnement est changeant et incertain.

L’étude

Une récente étude de la DFCG sur l’évolution du contrôleur de gestion vers le rôle de manager de la performance présente un passage de la 5e à la 2e place dans leurs activités entre 2018 et 2019 du temps passé aux Reprévisions. Ceci représente un des effets probables de l’évolution accélérée des marchés. Cette étude révèle que les contrôleurs de gestion misent sur le digital. Le digital leur permet :
  • de les aider à mieux planifier,
  • de prendre des décisions plus rapidement,
  • voire à les prévoir.
Pour mieux comprendre comment ces systèmes affectent leur rôle au sein des organisations, une étude a été menée sur les effets de la BI&A sur les contrôleurs de gestion. 16 contrôleurs de gestion et managers ont été interrogés. Ces derniers appartiennent à différents secteurs :
  • fabrication,
  • distribution,
  • commerce de détail,
  • services.
Ils proviennent de France (12), Suisse (2), Inde (1) et des États-Unis (1). Pour aller au bout de cette analyse et en faire émerger des résultats concrets, un codage de l’ensemble des données collectées a été effectué. Ce dernier doit permettre de mettre en évidence les liens entre les apports de la technologie et le rôle du contrôleur.

Le BI&A simplifie grandement les missions des contrôleurs de gestion

Consolidation des données

Une grande majorité des effets de facilitateurs du BI&A (80 % des références de codage) sont observés, principalement au niveau de l’aide à la décision managériale. Le BI&A renforce :

  • la collaboration avec les opérationnels,
  • la visibilité des données,
  • l’efficacité opérationnelle des processus de contrôle.

On constate que le rôle de business partner – animateur, conseiller et anticipateur – est beaucoup plus influencé par la BI&A (62% des références de codage) que le rôle d’expert en gestion des données, en reporting et en planification (38%). Ainsi, le contrôleur de gestion se positionne comme l’expert qui peut aider ses collègues en jouant le rôle d’une interface capable de traduire les plans financiers et commerciaux de part sa connaissance du terrain.

Gain de légitimité du contrôleur

En effet, la BI&A lui procure une forte légitimité en devenant moteur dans les propositions et analyses commerciales. Le contrôleur de gestion n’est plus observé uniquement comme celui qui produit des chiffres et des rapports. La BI&A va lui offrir une meilleure compréhension des besoins de ses clients afin de leur proposer les bons produits et services. Il pourra aussi améliorer la gestion des stocks, les coûts et les marges, et aussi répartir l’allocation des ressources par projet. Le contrôleur de gestion se positionne ainsi comme la référence en entreprise pour certains managers. Il devient le valideur des business plans ou des analyses de rentabilité d’une offre pour ses collègues.

Quelques limites mais peu de contraintes

Des freins au niveau de la collaboration

La BI&A affiche également certaines limites (20% des références de codage), en particulier au niveau de la collaboration entre managers et contrôleurs, qui constitue la limite la plus courante. La difficulté d’avoir une réponse de l’utilisateur directement à travers l’outil limite par exemple son interactivité. La facilité d’accès continu à l’information peut donner l’impression que la quantité d’information disponible est suffisante, mais elle n’est pas toujours bien ciblée et analysée.

Une meilleure souplesse technique

Concernant la partie technique, la grande souplesse du système pour naviguer parmi les données peut amener le contrôleur de gestion à augmenter de manière significative le temps passé sur la fiabilisation de la qualité de ces données.

Malgré l’importance qu’offre cette technologie aux contrôleurs de gestion dans l’entreprise, elle ne représente qu’un paramètre parmi bien d’autres. Nous trouvons aussi des éléments primordiaux pour une entreprise comme :

  • la culture des données de l’organisation,
  • la volonté de transformation et de gestion du changement,
  • les processus internes,
  • les compétences et les préférences des contrôleurs de gestion.

Il existe de nouvelles possibilités d’évolution dans l’analyse

Interactivité parfois limitée avec les opérationnels

Les contrôleurs ont une maîtrise encore faible des techniques analytiques avancées. Des incompréhensions subsistent. Elles concernent les techniques combinant la BI avec l’intelligence artificielle ou le big data. La BI&A a très peu d’impact sur leurs activités d’anticipation pour la réalisation de prévisionnels et de simulations de scénarios (seulement 10% des références de codage).

Les prévisions

Quelles sont les futures évolutions technologiques? Basyn (2019) se base sur les prévisions de Gartner pour décrire l’analytique augmentée comme étant la prochaine révolution dans l’analyse des données. Cette révolution va mêler des techniques d’apprentissage automatique et d’intelligence artificielle. Enfin, il met aussi en avant l’intelligence continue, qui utilise les données du contexte en temps réel pour améliorer les décisions.

En conclusion, nous pouvons donc nous demander ce que nous réserve l’avenir en terme d’analytique et d’utilisation des big data par les contrôleurs de gestion.

L’Equipe Novances Gestion Finances